jeudi 2 décembre 2010

Quand Renault abaisse l'âge de départ à la retraite


L'annonce peut paraître surprenante : deux semaines après la promulgation de la loi sur les retraites qui a repoussé l'âge légal du départ à la retraite à 62 ans, Renault a proposé, mardi, à ses salariés âgés, de s'arrêter plus tôt.
Une "suspension d'activité" qui correspond à un dispositif de départ à la retraite anticipé, ciblé sur le travail pénible.
Entièrement financé par Renault, qui refuse de communiquer sur son coût, ce dispositif, applicable de 2011 à 2013, est ouvert à 3 000 salariés de 58 ans et plus présentant une "incapacité permanente" d'au moins 10 % ou quinze années de travail à la chaîne. Ces salariés toucheront alors 75 % de leur salaire net, jusqu'au jour où ils pourront faire valoir leurs droits à la retraite.
"LES SALARIÉS SONT GAGNANTS"
Quand Renault abaisse l'âge de départ à la retraite de ses salariés
"Quel syndicat pourrait dire qu'il n'est pas satisfait ? s'interroge Dominique Chavin, de la CFE-CGC. Les salariés qui partent sont gagnants. (...) On pense même que cela va faire des frustrés, car tout le monde ne pourra pas partir. "Les syndicats considèrent ce dispositif comme un avancée sur la question de la pénibilité, au coeur de leur revendication pendant la mobilisation contre la réforme des retraites.
INQUIÉTUDES POUR L'EMBAUCHE
Ils craignent cependant que ces départs se traduisent par une diminution des effectifs sur le long terme.
"On ne peut pas se contenter d'un plan qui supprime sans embaucher" explique un responsable de la CGT, syndicat majoritaire à l'usine Sandouville de Renault, qui a souhaité rester anonyme. Satisfait des conditions proposées pour ceux qui partent, il redoute l'impact sur ceux qui restent. Demande de productivité accrue, augmentation de la flexibilité du travail et du déplacement des salariés entre les sites : pour ce syndicaliste, ce dispositif pourrait aggraver la pénibilité du travail : "Ça ne peut pas s'arranger alors que la pénibilité, on la sent déjà à travers les arrêts-maladie, les taux d'inaptitudes, les retouches en fin de chaîne."
Du côté de la direction, on promet une prochaine annonce d'embauches sans vouloir donner de détails.
"Il y aura des embauches là où on a besoin de personnel : par exemple avec le véhicule électrique, on cherchera aussi bien en développement qu'en production" assure un porte-parole.
Mais, mercredi matin, les confédérations syndicales se sont fait l'écho des inquiétudes locales. Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, a exprimé sa crainte devant ce qui apparaît selon lui comme "un outil de dégraissage des effectifs". François Chérèque (CFDT) soulignait lui une question plus large, celle de la réforme des retraites : ce plan"faut revoir la réforme. On voit bien que les grandes entreprises, en particulier du CAC 40, ne veulent pas garder les seniors".
"Il faut gérer une sous-activité temporaire", admet un porte-parole du groupe. Si l'activité était repartie à la hausse en 2010, avec une augmentation de 18,3 % des voitures particulières par rapport à la même période en 2009, le groupe anticipe la fin de la prime à la casse et la  baisse du bonus écologique, qui interviendront le 31 décembre 2010.
sur certains sites ont illustré les difficultés du groupe, qui
A diverses reprises, des mesures de chômage partiel
avait déjà proposé un plan de départ volontaire à 4 400 salariés entre octobre 2008 et avril 2009. Toujours fondée sur le volontariat, cette nouvelle proposition présente néanmoins une différence majeure : celle de s'adresser uniquement aux cols bleus et ce sur tous les sites du constructeur automobile.

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